Quand quelqu'un me demande de parler de mon bénévolat au Kenya, je réponds toujours "il faut
le vivre". Quand je suis revenue en Italie, j'ai tout de suite pensé à repartir. Pourtant, dès mon arrivée au
Kenya, j'avais voulu m'enfuir.
Quand je suis arrivée, Jessica a commencé à partager les premières "règles générales". En me tendant
mon dîner, elle m'a dit que je devais entrer dans la culture africaine, et ainsi j'ai mangé l'ugali avec mes mains
dès le premier soir...
Puis elle m'a assigné mon récipient d'eau minérale et une petite bouteille à remplir selon les besoins et,
avec une voix candide mais sûre, elle a expliqué qu'il n'y a pas de douche, pas d'eau chaude,
pas d'eau du tout, et pas de toilettes...
C'est dans le village où sont nos enfants (mon Salimu) que je suis entrée en contact profond
avec la culture africaine et j'ai vu une culture profondément enracinée. C'est dans ce vaste jardin que
vous voyez sur la photo où j'ai joué aux courses en sac, au jeu du drapeau... c'est devant la porte rouge
où, pendant la distribution de nourriture, j'ai vu des yeux pleins d'espoir, mais aussi si affamés d'amour...
C'est dans le cabinet du pédiatre que j'ai vu une immense humanité et un professionnalisme que je n'attendais pas...
c'est dans les cris des enfants pendant les vaccinations que j'ai ressenti l'amour, la tendresse et
le besoin d'être embrassée et d'embrasser moi aussi.
La réalité africaine est aussi éloignée que possible de notre style de vie ordonné, au Kenya la pauvreté est
pratiquement partout, pourtant, pendant notre bénévolat nous avons reçu des centaines de sourires
des enfants...
Le long des routes, une infinité de joyeux "jambo" de tous ceux qui nous rencontraient... rien de comparable à
nos "visages" tristes et ennuyés, entourés d'un bien-être généralisé qui ne nous laisse pas percevoir
les vraies joies de la vie. On arrive à la conscience que la réalité n'est pas ce qui finalement vous fait
courir toute la journée dans le chaos de la vie quotidienne et vous entraîne dans une fatigue sans fin,
qui vous plonge dans vos propres problèmes et ceux des autres... la réalité c'est "vraiment regarder" avec les yeux de
la conscience, la seule qui peut nous aider à raisonner sur combien tout est éphémère et que nous devons
redimensionner le poids des choses, des situations, des personnes... bien voir les choses, les VRAIES... et réussir
à donner la juste dimension à tout.